
Dossier : Dire « bonjour » à un voisin nous permet de vivre plus longtemps. (Volet 1)
C’est un fait : nous n’osons plus tellement dire bonjour aux gens que nous croisons dans le quartier. Nous vivons dans nos bulles, nous restons à la maison devant une série télé au lieu de sortir au parc, nous voyageons loin et ignorons tout des personnes qui habitent juste à côté… Les relations de voisinage sont-elles en crises ? Il semblerait que oui. De par le progrès de la mobilité, l’explosion d’Internet, les situations démographiques et un phénomène de repli « entre-soi », cette crise des interactions sociales semble affecter la plupart des pays riches, selon des études en cours.
La mobilité quotidienne ne cesse d’augmenter depuis des décennies, et le lieu de travail s’éloigne du lieu de résidence. Cela réduit les occasions de contacts entre voisins, tout comme la hausse de la mobilité résidentielle se traduit par des déménagements plus fréquents. Il est donc plus ardu de tisser des liens durables.
C'est ce qu'indique Maxime Felder, qui a écrit une thèse à ce sujet et qui travaille au Laboratoire de sociologie urbaine de l’École polytechnique fédérale à Lausanne (EPFL)*

Il est aussi vrai que nous sommes de moins en moins actifs dans notre quartier. Nous prenons la voiture ou les transports en commun, et n’hésitons pas à faire plusieurs dizaines de kilomètres pour nos loisirs et activités.
Et cela a des conséquences : une étude du CSA et des Petits Frère des Pauvres** indique que 4,6 millions de Français âgés de plus de 60 ans ressentent de la solitude. 3,2 millions d’entre eux passent mêmes des journées entières sans parler à personne. L’éloignement des enfants, le vieillissement de la société, l’anonymat des grandes villes sont autant de facteurs qui contribuent à ce phénomène.
Je suis à la retraite, sans enfants, ma famille s’est éclatée dans toute la France, et donc complètement malgré moi, je me retrouve isolée. Je suis souvent toute seule à Noel. Et ça alors que j’habite dans une ville de deux millions de personnes. Martine, 68 ans, Paris
Et pourtant, le désir de se rencontrer et d’interagir dans son quartier est de plus en plus fort ! Selon l’étude Viavoice publiée en mai 2009, 90% des Français souhaitent renforcer leurs liens avec leurs voisins ! Alors, d’où vient le problème ?

Car vous auriez raison de vouloir plus d’interactions : des enquêtes ont démontré que de bonnes relations entre voisins rendent plus heureux et rallongent l’espérance de vie.